Les registres de texte
Le registre pathétique
Le registre pathétique :
1- La situation pathétique :
La situation pathétique est une situation douloureuse (misère, maladie, danger, séparation, décès accidentel…) qui fait souffrir le personnage.
2- Les effets recherchés sur le lecteur :
Le registre Pathétique provoque la pitié, l’attendrissement et la tristesse à l’égard d’un personnage.
3- Caractéristiques :
a- Le personnage pathétique:
Le héros pathétique se montre faible, proche du lecteur, placé dans des situations douloureuses, il exprime la souffrance, la tristesse, le désespoir et le regret.
Le pathétique présente des personnages proches du lecteur, placés dans des situations douloureuses. Ils provoquent la pitié, la tristesse.
b- Les champs lexicaux :
Le vocabulaire de l’affectif (ceux de l’émotion et de la souffrance). La tristesse, la douleur ou le regret, les sensations, les sentiments.
c- Les thèmes :
Le pathétique évoque des situations douloureuses telles que la mort ; la maladie ; la séparation ; la souffrance physique ; la souffrance morale ; l’injustice ; l’homme face à des situations inhumaines (misère, échec, perte d’un proche…)
d- Les figures de style
Les figures de l’exagération, en particulier, l’hyperbole, servent à amplifier un phénomène et accentuent donc la sensibilité du lecteur.
Les exclamations, les apostrophes et les interrogations contribuent, elles aussi, à installer ce climat de douleur.
4- Exemple :
« Pauvre petite ! Ton père qui t’aimait tant, ton père qui baisait ton petit cou blanc et parfumé, qui passait la main sans cesse dans les boucles de tes cheveux comme sur de la soie, qui prenait ton joli visage rond de sa main, qui te faisait sauter sur ses genoux et le soir joignait tes deux mains pour prier Dieu.
Qui est ce qui te fera tout cela maintenant ? Qui est ce qui t’aimeras ? Tous les enfants de ton âge auront des pères, excepté toi. Comment te déshabitueras-tu, mon enfant, du jour de l’an, des étrennes, des beaux joujoux, des bonbons et des baisers ? »
Extrait du chapitre 26 du dernier jour d’un condamné
Qui est ce qui te fera tout cela maintenant ? Qui est ce qui t’aimeras ? Tous les enfants de ton âge auront des pères, excepté toi. Comment te déshabitueras-tu, mon enfant, du jour de l’an, des étrennes, des beaux joujoux, des bonbons et des baisers ? »
Extrait du chapitre 26 du dernier jour d’un condamné
Le registre tragique
Le registre tragique :
La tonalité tragique vise à inspirer la terreur et la pitié. Elle est très souvent liée au genre théâtral. Elle se caractérise par la mise en valeur d’une sorte de fatalité qui pousse inévitablement l’homme à l’échec, au malheur et à la mort. Les thèmes récurrents de la tonalité tragique sont la mort, la fatalité et la souffrance devant une lutte impossible ; ils sont mis en valeur par le champ lexical de la fatalité, de la nécessité, de l’amour et de la mort.
La tonalité tragique vise à inspirer la terreur et la pitié. Elle est très souvent liée au genre théâtral. Elle se caractérise par la mise en valeur d’une sorte de fatalité qui pousse inévitablement l’homme à l’échec, au malheur et à la mort. Les thèmes récurrents de la tonalité tragique sont la mort, la fatalité et la souffrance devant une lutte impossible ; ils sont mis en valeur par le champ lexical de la fatalité, de la nécessité, de l’amour et de la mort.
1- La situation tragique :
Une situation sans issue: l’homme affrontant des forces qui le dépassent. Dans cette situation, les personnages se comportent avec héroïsme en acceptant un destin fatal.
2- Les effets recherchés sur le lecteur :
Provoquer l’effroi (devant la puissance du destin) et la pitié.
Un texte tragique émeut le lecteur car il présente des personnages, tourmentés par une forte passion ou par un dilemme, ne peuvent éviter un dénouement malheureux (la mort ou la folie)
3- Caractéristiques :
a- Le Personnage tragique :
Le héros tragique fait preuve d’une évidente lucidité et affronte la situation, non seulement sans souffrir, mais de manière plus digne.
Il se sacrifie pour un idéal moral. (Liberté ; devoir moral ; devoir religieux ; devoir familial).
Le héros tragique se caractérise par sa grandeur, il est noble, hors du commun, n’est pas un homme ordinaire mais exceptionnel, conduit par un devoir moral, possède un caractère qui lui permet d’affronter le destin (le courage, ne craint rien.
b- Champs lexicaux : de la douleur, de la mort, de la fatalité, du destin, de l’impuissance.
c- Thèmes : La mort, le pouvoir, la guerre, la folie, l’héroïsme, l’honneur, l’amour, la fatalité, l’homme face à son destin.
4- Exemple :
« Ma grâce ! Ma grâce ! Ai-je répété, ou, par pitié, cinq minutes encore ! Qui sait ? Elle viendra peut-être ! Cela est si horrible à mon âge, de mourir ainsi ! Des grâces qui arrivent au dernier moment, on l’a vu souvent. Et à qui fera-t-on grâce, monsieur si ce n’est à moi ?
Cet exécrable bourreau ! il s’est approché du juge pour lui dire que l’exécution devait être faite à une certaine heure, que cette heure approchait, qu’il était responsable, que d’ailleurs il pleut, et que cela risque de se rouiller.
— Eh, par pitié ! Une minute pour attendre ma grâce ! Ou je me défends ! Je mords !
Le juge et le bourreau sont sortis. Je suis seul. Seul avec deux gendarmes.
Oh ! L’horrible peuple avec ses cris d’hyène. Qui sait si je ne lui échapperai pas ? Si je ne serai pas sauvé ? Si ma grâce ?… Il est impossible qu’on ne me fasse pas grâce !
Ah ! Les misérables ! Il me semble qu’on monte l’escalier. » Extrait du chapitre 49 du dernier jour d’un condamné
Le registre lyrique:
Le registre lyrique :
La tonalité lyrique est l’expression des sentiments personnels de l’auteur. Il peut exprimer divers sentiments personnels : l’amour, l’enthousiasme, le bonheur, la tristesse, la mélancolie,… Les thèmes privilégiés sont l’amour, la mort, la nature, la solitude, la fuite du temps, c’est-à-dire tout ce qui est propice à l’expression d’une émotion particulière.
La tonalité lyrique est l’expression des sentiments personnels de l’auteur. Il peut exprimer divers sentiments personnels : l’amour, l’enthousiasme, le bonheur, la tristesse, la mélancolie,… Les thèmes privilégiés sont l’amour, la mort, la nature, la solitude, la fuite du temps, c’est-à-dire tout ce qui est propice à l’expression d’une émotion particulière.
Caractéristiques :
– Marques de la première personne (forte implication de celui qui parle)
– Musique de la phrase (harmonie rythmique et sonore)
– Champ lexical des émotions et des sentiments.
Effet recherché :
Exprimer ses sentiments personnels et les faire partager avec le lecteur.
Exemple :
« Ce matin, je me sentais capable de bonté, d’indulgence, j’étais d’une générosité sans bornes. Je pardonnais à Zineb, dans mon for intérieur, toutes les misères qu’elle m’avait fait subir; je pardonnais à son chat qui était revenu après s’être débarrassé de son collier, ma belle chaîne d’or, je pardonnais aux mardis d’être des jours trop longs, à la baguette de cognassier de mordre si souvent la chair fragile de mes oreilles, je pardonnais aux jours de lessive d’être particulièrement froids et tristes, je pardonnais tout au monde ou du moins à ce que je connaissais du monde. » Extrait du chapitre 6 de la Boite à Merveilles
« Ce matin, je me sentais capable de bonté, d’indulgence, j’étais d’une générosité sans bornes. Je pardonnais à Zineb, dans mon for intérieur, toutes les misères qu’elle m’avait fait subir; je pardonnais à son chat qui était revenu après s’être débarrassé de son collier, ma belle chaîne d’or, je pardonnais aux mardis d’être des jours trop longs, à la baguette de cognassier de mordre si souvent la chair fragile de mes oreilles, je pardonnais aux jours de lessive d’être particulièrement froids et tristes, je pardonnais tout au monde ou du moins à ce que je connaissais du monde. » Extrait du chapitre 6 de la Boite à Merveilles
Le registre comique
Le registre comique :
La tonalité comique tend à susciter le rire. Elle peut naître d’une caricature, d’une parodie, d’une satire, d’un jeu de mots ou d’une situation absurde. On distingue quatre types de comique : le comique de mot, de situation, de répétition, de caractère. Elle est caractérisée par le recours aux figures de style comiques et par le jeu sur les différents niveaux de langue.
Il utilise des procédés comme la répétition, le quiproquo, l’exagération des mots ou de situation.
La tonalité comique tend à susciter le rire. Elle peut naître d’une caricature, d’une parodie, d’une satire, d’un jeu de mots ou d’une situation absurde. On distingue quatre types de comique : le comique de mot, de situation, de répétition, de caractère. Elle est caractérisée par le recours aux figures de style comiques et par le jeu sur les différents niveaux de langue.
Il utilise des procédés comme la répétition, le quiproquo, l’exagération des mots ou de situation.
Effet recherché :
Il vise à faire rire et à divertir.
Procédés :
a- Le comique de gestes ou de situation : Cet aspect du registre comique est réservé au théâtre (mimiques, grimaces, vêtements, accessoires) traduits par la didascalie
b- Le comique de situation : Surprise, coïncidence, rebondissement, retournement, quiproquo…
c- Le comique de mot : Jeux de mot, répétition, niveau de langue…
d- le comique de caractère : Description morale des personnages (vices, pensée…)
Exemple :
LE GARDE : (qui a pris son carnet et suce sa mine.) C’est pour votre bon ami ? ANTIGONE : Mon chéri, j’ai voulu mourir et tu ne vas peut-être plus m’aimer…
LE GARDE : (répète lentement de sa grosse voix en écrivant)
« Mon chéri, j’ai voulu mourir et tu ne vas peut-être plus m’aimer… »
Extrait de « Antigone » page 114
Le registre polémique
Le registre polémique :
Il caractérise les textes argumentatifs sous forme d’un combat d’idée, une discussion violente et agressive autour d’un sujet de désaccord. Possède une fonction critique.
Il se caractérise par :
– Procédés de dévalorisation (métaphores dépréciatives, antiphrases ironiques)
– Provocations (vocabulaire dévalorisant) : le polémiste provoque afin de faire réagir et réfléchir.
– La caricature, l’hyperbole, exclamations, fausses questions (questions oratoires), amplification, superlatifs.
– L’ironie : comme le registre ironique, le registre polémique fait appel à l’ironie, qui tourne l’adversaire en dérision.
Effet recherché :
-Défendre ses idées.
-Dénoncer un adversaire en cherchant à le discréditer.
– vise à convaincre, à vaincre en réduisant son adversaire au silence sous l’effet de la colère.
Exemple :
« Se sont-ils jamais seulement arrêtés à cette idée poignante que dans l’homme qu’ils retranchent. Il y a une intelligence qui avait complété sur la vie, une âme qui ne s’est point disposée pour la mort ? Non, ils ne voient dans tout cela que la chute verticale d’un couteau triangulaire, et pensent sans doute que, pour le condamné, il n’y a rien avant, rien après. »
Extrait du chapitre 6 du dernier jour d’un condamné
Le registre satirique
Le registre satirique :
Un texte satirique critique, en se moquant, les défauts d’un individu (ou d’un groupe d’individus), d’un comportement, etc.
Le registre satirique est très proche du registre ironique. L’objectif du registre satirique est donc de provoquer le rire par la moquerie des défauts d’un individu ou d’une institution par le biais de la caricature.
Un texte satirique critique, en se moquant, les défauts d’un individu (ou d’un groupe d’individus), d’un comportement, etc.
Le registre satirique est très proche du registre ironique. L’objectif du registre satirique est donc de provoquer le rire par la moquerie des défauts d’un individu ou d’une institution par le biais de la caricature.
Effet recherché :
Dénoncer des comportements, des défauts ou des personnes en se moquant.
Visée argumentative.
Exemple :
« Les juges, au fond de la salle avaient l’air satisfait probablement de la joie d’avoir bientôt fini. Le visage du président, doucement éclairé par le reflet d’une vitre, avait quelque chose de calme et de bon, et un jeune assesseur causait presque gaiement en chiffonnant son rabat avec une jolie dame en chapeau rose, placée par faveur derrière lui.
Les jurés seuls paraissaient blêmes et abattus, mais c’était apparemment de fatigue d’avoir veillé toute la nuit. Quelques-uns bâillaient. Rien, dans leur contenance, n’annonçait des hommes qui viennent de porter une sentence de mort, et sur les figures de ces bons bourgeois je ne devinais qu’une grande envie de dormir. »
Extrait du chapitre 2 du dernier jour d’un condamné
Les jurés seuls paraissaient blêmes et abattus, mais c’était apparemment de fatigue d’avoir veillé toute la nuit. Quelques-uns bâillaient. Rien, dans leur contenance, n’annonçait des hommes qui viennent de porter une sentence de mort, et sur les figures de ces bons bourgeois je ne devinais qu’une grande envie de dormir. »
Le registre ironique
Le registre ironique :
La tonalité ironique consiste à faire entendre autre chose que ce que l’on dit ou ce que l’on pense. Il s’agit d’une tonalité moqueuse et critique, qui naît de l’emploi de figures de style comme l’antithèse, l’antiphrase, la litote ou encore l’oxymore. Elle est caractérisée par une ponctuation forte et par l’emploi des modalisateurs.
Consiste à dire le contraire de ce que l’on pense dans le but de se moquer.
La tonalité ironique consiste à faire entendre autre chose que ce que l’on dit ou ce que l’on pense. Il s’agit d’une tonalité moqueuse et critique, qui naît de l’emploi de figures de style comme l’antithèse, l’antiphrase, la litote ou encore l’oxymore. Elle est caractérisée par une ponctuation forte et par l’emploi des modalisateurs.
Consiste à dire le contraire de ce que l’on pense dans le but de se moquer.
Effet recherché :
Permet de dénoncer quelque chose en laissant comprendre le contraire de ce qui est dit. L’ironie a pour objectif d’attirer l’attention du lecteur sur des grandes questions, sur des problèmes majeurs afin que s’opère chez lui une prise de conscience. De faire réfléchir son lecteur.
Procédés :
Question de la liberté, de la tolérance, de la justice, des abus du pouvoir, des inégalités sociales ou encore de la guerre.
Les procédés les plus utilisés sont les figures de l’opposition, et notamment l’antiphrase.
Exemple :
« Il ne croit pas, ce geôlier, que j’aie à me plaindre de lui et de ses sous geôliers. Il a raison. Ce serait mal à moi de me plaindre ; ils ont fait leur métier ; ils m’ont bien gardé ; et puis, ils ont été polis à l’arrivée et au départ. Ne dois-je pas être content ?»
Extrait du chapitre 20 du dernier jour d’un condamné
Le registre fantastique
Le registre fantastique :
La tonalité fantastique caractérise un texte qui présente des faits comme surnaturels et inexplicablesrationnellement. Le registre fantastique comprend tous les textes, descriptifs ou narratifs, poésie ou roman, qui font intervenir l’étrange.
Le texte fantastique témoigne de l’apparition de l’étrange et du surnaturel dans un contexte quotidien. Cette apparition n’est jamais totalement confirmée par le narrateur. C’est pourquoi le lecteur ne sait pas s’il est face à des personnages qui ont une perception déformée du réel ou face à une aventure étrange.
La tonalité fantastique caractérise un texte qui présente des faits comme surnaturels et inexplicablesrationnellement. Le registre fantastique comprend tous les textes, descriptifs ou narratifs, poésie ou roman, qui font intervenir l’étrange.
Le texte fantastique témoigne de l’apparition de l’étrange et du surnaturel dans un contexte quotidien. Cette apparition n’est jamais totalement confirmée par le narrateur. C’est pourquoi le lecteur ne sait pas s’il est face à des personnages qui ont une perception déformée du réel ou face à une aventure étrange.
Les caractéristiques essentielles :
Elle est caractérisée par le champ lexical de la peur, de la folie, de la mort et du surnaturel. L’expression du doute, de l’incertitude, l’emploi du subjonctif et du conditionnel, le recours aux figures de style telles que la répétition, la comparaison, l’hyperbole ou encore la personnification des objets sont autant d’indices de la tonalité fantastique.
Le cadre spatio-temporel :
Afin de favoriser l’émergence du mystère, le récit fantastique se déroule, de préférence, dans des lieux abandonnés (châteaux) et sombres. Ces endroits éveillent chez le lecteur une peur liée aux événements qui leur sont traditionnellement associés (fantôme, mort, malédiction, etc.).
L’action se produit plutôt de nuit, pendant l’hiver ou à l’automne, saisons qui connotent la tristesse, l’obscurité et le froid.
L’action se produit plutôt de nuit, pendant l’hiver ou à l’automne, saisons qui connotent la tristesse, l’obscurité et le froid.
Exercice des registres de texte
I)- Identifiez le registre dominant dans chaque extrait.
II)-Justifiez votre réponse en vous référant au texte.
EXTRAITS :
- » Condamné à mort ! Voilà cinq semaines que j’habite avec cette pensée, toujours seul avec elle, toujours glacé de sa présence, toujours courbé sous son poids. « Chapitre I, Le dernier jour d’un condamné
2- Que ce que j’écris ici puisse être un jour utile à d’autres, que cela arrête le juge prêt à juger, que cela sauve des malheureux, innocents ou coupables, de l’agonie à laquelle je suis condamné, pourquoi ? À quoi bon ? Qu’importe ? Quand ma tête aura été coupée, qu’est-ce que cela me fait qu’on en coupe d’autres ? Est-ce que vraiment j’ai pu penser ces folies ? Jeter bas l’échafaud après que j’y aurai monté ! Je vous demande un peu ce qui m’en reviendra.
Ah ! C’est moi qu’il faudrait sauver ! – Est-il bien vrai que cela ne se peut, qu’il faudra mourir demain, aujourd’hui peut-être, que cela est ainsi ? Ô Dieu ! L’horrible idée à se briser la tête au mur de son cachot ! Chapitre VII, Le dernier jour d’un condamné
- J’admets que je sois justement puni ; ces innocentes, qu’ont-elles fait ? N’importe ; on les déshonore, on les ruine. C’est la justice. Ce n’est pas que ma pauvre vieille mère m’inquiète ; elle a soixante-quatre ans, elle mourra du coup. Ou si elle va quelques jours encore, pourvu que jusqu’au dernier moment elle ait un peu de cendre chaude dans sa chaufferette, elle ne dira rien.
Ma femme ne m’inquiète pas non plus ; elle est déjà d’une mauvaise santé et d’un esprit faible. Elle mourra aussi.
À moins qu’elle ne devienne folle. On dit que cela fait vivre ; mais du moins, l’intelligence ne souffre pas ; elle dort, elle est comme morte. Chapitre IX, Le dernier jour d’un condamné
- Il ne croit pas, ce geôlier, que j’aie à me plaindre de lui et de ses sous geôliers. Il a raison. Ce serait mal à moi de me plaindre ; ils ont fait leur métier ; ils m’ont bien gardé ; et puis, ils ont été polis à l’arrivée et au départ. Ne dois-je pas être content ?
Chapitre XX, Le dernier jour d’un condamné
- Un léger coup, frappé sur mon épaule, m’a fait tourner la tête. C’était le nouveau gendarme, avec qui j’étais seul.
Voici à peu près de quelle façon il m’a adressé la parole.
– Criminel, avez-vous bon cœur ?
– Non, lui ai-je dit.
La brusquerie de ma réponse a paru le déconcerter. Cependant il a repris en hésitant :
– On n’est pas méchant pour le plaisir de l’être.
– Pourquoi non ? Ai-je répliqué. Si vous n’avez que cela à me dire, laissez-moi. Où voulez-vous en venir ?
– Pardon, mon criminel, a-t-il répondu. Deux mots seulement. Voici. Si vous pouviez faire le bonheur d’un pauvre homme, et que cela ne vous coûtât rien, est-ce que vous ne le feriez pas ?
(…) Moi, faire le bonheur de quelqu’un !
– Oui, criminel, oui bonheur, oui fortune. Tout cela me sera venu de vous. Voici. Je suis un pauvre gendarme. Le service est lourd, la paye est légère ; mon cheval est à moi et me ruine. Or je mets à la loterie pour contre-balancer. Jusqu’ici il ne m’a manqué pour gagner que d’avoir de bons numéros. J’en cherche partout de sûrs ; je tombe toujours à côté. Je mets le 76 ; il sort le 77. J’ai beau les nourrir3 ils ne viennent pas…- Un peu de patience, s’il vous plaît, je suis à la fin. – Or voici une belle occasion pour moi. Il paraît, pardon, criminel, que vous passez aujourd’hui. Il est certain que les morts qu’on fait périr comme cela voient la loterie d’avance. Promettez-moi de venir demain soir qu’est-ce que cela vous fait ? Me donner trois numéros, trois bons. Hein ? – Je n’ai pas peur des revenants, soyez tranquille. – Voici mon adresse : Caserne Popincourt, escalier A n° 26, au fond du corridor Vous me reconnaîtrez bien, n’est-ce pas ? Venez même ce soir, si cela vous est plus commode.
Chapitre XXXII, Le dernier jour d’un condamné
6. Le MARDI, jour néfaste pour les élèves du Msid, me laisse dans la bouche un goût d’amertume. Tous les mardis sont pour moi couleur de cendre. (…)
À six ans, j’avais déjà conscience de l’hostilité du monde et de ma fragilité. Je connaissais la peur, je connaissais la souffrance de la chair au contact de la baguette de cognassier. Mon petit corps tremblait dans ses vêtements trop minces. J’appréhendais le soir cons La boite à merveilles chapitre 2
7) Je laisse une mère, je laisse une femme, je laisse un enfant.
Une petite fille de trois ans, douce, rose, frêle, avec de grands yeux noirs et de longs cheveux châtains.
Elle avait deux ans et un mois quand je l’ai vue pour la dernière fois.
Ainsi, après ma mort, trois femmes, sans fils, sans mari, sans père, trois orphelines de différente espèce, trois veuves du fait de la loi.
Chapitre XXVI, Le dernier jour d’un condamné
8)- Hélas ! N’aimer ardemment qu’un seul être au monde, l’aimer avec tout son amour, et l’avoir devant soi, qui vous voit et vous regarde, vous parle et vous répond, et ne vous connaît pas. Ne vouloir de consolation que de lui, et qu’il soit le seul qui ne sache pas qu’il vous en faut parce que vous allez mourir !
Chapitre XLIII, Le dernier jour d’un condamné
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I)- Identifiez le registre dominant dans chaque extrait.
II)-Justifiez votre réponse en vous référant au texte.
II)-Justifiez votre réponse en vous référant au texte.
EXTRAITS :
- » Condamné à mort ! Voilà cinq semaines que j’habite avec cette pensée, toujours seul avec elle, toujours glacé de sa présence, toujours courbé sous son poids. « Chapitre I, Le dernier jour d’un condamné
2- Que ce que j’écris ici puisse être un jour utile à d’autres, que cela arrête le juge prêt à juger, que cela sauve des malheureux, innocents ou coupables, de l’agonie à laquelle je suis condamné, pourquoi ? À quoi bon ? Qu’importe ? Quand ma tête aura été coupée, qu’est-ce que cela me fait qu’on en coupe d’autres ? Est-ce que vraiment j’ai pu penser ces folies ? Jeter bas l’échafaud après que j’y aurai monté ! Je vous demande un peu ce qui m’en reviendra.
Ah ! C’est moi qu’il faudrait sauver ! – Est-il bien vrai que cela ne se peut, qu’il faudra mourir demain, aujourd’hui peut-être, que cela est ainsi ? Ô Dieu ! L’horrible idée à se briser la tête au mur de son cachot ! Chapitre VII, Le dernier jour d’un condamné
- J’admets que je sois justement puni ; ces innocentes, qu’ont-elles fait ? N’importe ; on les déshonore, on les ruine. C’est la justice. Ce n’est pas que ma pauvre vieille mère m’inquiète ; elle a soixante-quatre ans, elle mourra du coup. Ou si elle va quelques jours encore, pourvu que jusqu’au dernier moment elle ait un peu de cendre chaude dans sa chaufferette, elle ne dira rien.
Ma femme ne m’inquiète pas non plus ; elle est déjà d’une mauvaise santé et d’un esprit faible. Elle mourra aussi.
À moins qu’elle ne devienne folle. On dit que cela fait vivre ; mais du moins, l’intelligence ne souffre pas ; elle dort, elle est comme morte. Chapitre IX, Le dernier jour d’un condamné - Il ne croit pas, ce geôlier, que j’aie à me plaindre de lui et de ses sous geôliers. Il a raison. Ce serait mal à moi de me plaindre ; ils ont fait leur métier ; ils m’ont bien gardé ; et puis, ils ont été polis à l’arrivée et au départ. Ne dois-je pas être content ?
Chapitre XX, Le dernier jour d’un condamné - Un léger coup, frappé sur mon épaule, m’a fait tourner la tête. C’était le nouveau gendarme, avec qui j’étais seul.
Voici à peu près de quelle façon il m’a adressé la parole.
– Criminel, avez-vous bon cœur ?
– Non, lui ai-je dit.
La brusquerie de ma réponse a paru le déconcerter. Cependant il a repris en hésitant :
– On n’est pas méchant pour le plaisir de l’être.
– Pourquoi non ? Ai-je répliqué. Si vous n’avez que cela à me dire, laissez-moi. Où voulez-vous en venir ?
– Pardon, mon criminel, a-t-il répondu. Deux mots seulement. Voici. Si vous pouviez faire le bonheur d’un pauvre homme, et que cela ne vous coûtât rien, est-ce que vous ne le feriez pas ?
(…) Moi, faire le bonheur de quelqu’un !
– Oui, criminel, oui bonheur, oui fortune. Tout cela me sera venu de vous. Voici. Je suis un pauvre gendarme. Le service est lourd, la paye est légère ; mon cheval est à moi et me ruine. Or je mets à la loterie pour contre-balancer. Jusqu’ici il ne m’a manqué pour gagner que d’avoir de bons numéros. J’en cherche partout de sûrs ; je tombe toujours à côté. Je mets le 76 ; il sort le 77. J’ai beau les nourrir3 ils ne viennent pas…- Un peu de patience, s’il vous plaît, je suis à la fin. – Or voici une belle occasion pour moi. Il paraît, pardon, criminel, que vous passez aujourd’hui. Il est certain que les morts qu’on fait périr comme cela voient la loterie d’avance. Promettez-moi de venir demain soir qu’est-ce que cela vous fait ? Me donner trois numéros, trois bons. Hein ? – Je n’ai pas peur des revenants, soyez tranquille. – Voici mon adresse : Caserne Popincourt, escalier A n° 26, au fond du corridor Vous me reconnaîtrez bien, n’est-ce pas ? Venez même ce soir, si cela vous est plus commode.
Chapitre XXXII, Le dernier jour d’un condamné
6. Le MARDI, jour néfaste pour les élèves du Msid, me laisse dans la bouche un goût d’amertume. Tous les mardis sont pour moi couleur de cendre. (…)
À six ans, j’avais déjà conscience de l’hostilité du monde et de ma fragilité. Je connaissais la peur, je connaissais la souffrance de la chair au contact de la baguette de cognassier. Mon petit corps tremblait dans ses vêtements trop minces. J’appréhendais le soir cons La boite à merveilles chapitre 2
7) Je laisse une mère, je laisse une femme, je laisse un enfant.
Une petite fille de trois ans, douce, rose, frêle, avec de grands yeux noirs et de longs cheveux châtains.
Elle avait deux ans et un mois quand je l’ai vue pour la dernière fois.
Ainsi, après ma mort, trois femmes, sans fils, sans mari, sans père, trois orphelines de différente espèce, trois veuves du fait de la loi.
Chapitre XXVI, Le dernier jour d’un condamné
Une petite fille de trois ans, douce, rose, frêle, avec de grands yeux noirs et de longs cheveux châtains.
Elle avait deux ans et un mois quand je l’ai vue pour la dernière fois.
Ainsi, après ma mort, trois femmes, sans fils, sans mari, sans père, trois orphelines de différente espèce, trois veuves du fait de la loi.
Chapitre XXVI, Le dernier jour d’un condamné
8)- Hélas ! N’aimer ardemment qu’un seul être au monde, l’aimer avec tout son amour, et l’avoir devant soi, qui vous voit et vous regarde, vous parle et vous répond, et ne vous connaît pas. Ne vouloir de consolation que de lui, et qu’il soit le seul qui ne sache pas qu’il vous en faut parce que vous allez mourir !
Chapitre XLIII, Le dernier jour d’un condamné
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